Je suis (un peu) raciste.

Je suis (un peu) raciste.

Ca n’a pas été facile à admettre mais oui, je suis (un peu) raciste. Et c’est par ça que j’ai envie d’introduire mon article parce que je pense qu’on l’est tous (un peu). Et que c’est par ça qu’il faut commencer. Je vais aller un peu à contre courant de ce qui a été vu dernièrement mais je vais m’expliquer et je pense sincèrement que c’est nécessaire.

La newsletter de juin sur le blog exceptionnellement.

Au vu des actualités ces derniers jours, j’ai d’abord pensé en parler dans ma newsletter parce qu’elle est plus « lifestyle ». Il y a un clivage certain entre mon contenu ici que j’ai clairement dirigé vers la beauté, et celui de ma newsletter qui me sert à partager mes états d’esprit. Je partageais plus de lifestyle ici avant mais ça pouvait partir en sucette niveau ligne éditoriale. Je vais donc faire ici une sorte d’édition spéciale de ma newsletter qui sera sur le blog. Libre à vous, si ça vous intéresse, de suivre la suite via la newsletter dans le futur.

Credits: Mathyas Kurmann via Unsplash

Dans ma newsletter précédente, j’abordais le sujet du racisme envers les asiatiques justement. Il se trouve que peu de temps après son envoi, il y a eu un acte raciste d’une école de Waregem avec des élèves déguisés en asiatiques portant des pancartes « coronavirus ». Il y a d’ailleurs eu une magnifique photo de groupe avec une fille qui se bridait les yeux… C’est épuisant… Se passent le coronavirus puis le meurtre de George Floyd et maintenant le mouvement Black Live Matters et les manifs aux US et dans le monde. Je ne pouvais pas ne pas en parler. 

Le racisme c’est quoi?

Maaaaaah! Y a plein de définitions faites par plein de gens concernés et pavés de bonnes intentions mais si on en revient à la genèse du racisme, Wikipédia propose:

Le racisme est une idéologie qui, partant du postulat sans fondement scientifique de l’existence de races au sein de l’espèce humaine, considère que certaines catégories de personnes sont intrinsèquement supérieures à d’autres. 

Et ça concerne énormément de gens. Ca concerne les afro-américains, les mexicains, les indiens, les asiatiques… Mais aussi les gens de religions (et il y a eu des oppressions de catholiques oui oui), les homosexuels, les transsexuels, les femmes, les handicapés, … Chaque forme de racisme a son propre vocabulaire: homophobie, sexisme, … Et il y a déjà un souci de ce côté parce que le racisme est surtout une discrimination quelle que soit sa forme. 

Raciste
Credits Marcus Spiske via Unsplash

Nous sommes tous (un peu) racistes.

Parce qu’on est humains. Parce qu’être humain signifie aussi avoir peur. Et que le racisme, la discrimination, ça part souvent de la peur de l’autre, de l’inconnu, de ce qu’on ne sait pas. Et oui, j’ai été (un peu) et serai sans doute malheureusement toujours (un peu) raciste. J’ai, comme beaucoup de monde, eu peur des musulmans quand il y a eu les attentats. Ca n’a duré que quelques instants mais je l’ai senti cette peur. Je me suis déjà énervée sur des africains au volant parce qu’ils conduisaient comme des branques en me disant « encore un africain au volant hein! ». Là aussi, ça n’a duré que quelques instants mais c’était là. 

Credits Ian Keefe via Unsplash

Même si ça me semble être une évidence, il me semble aussi qu’il est nécessaire de la combattre. Se plier à une fatalité de l’être humain et ses défauts, c’est trop facile. Je suis née conne et sans savoir et c’est comme ça… Si c’était si simple, on n’aurait pas rendu l’enseignement obligatoire. L’évolution des civilisations, c’est aussi ça (espèce de paresseux, si tu croyais t’en sortir avec le paragraphe précédent c’est raté 😉 ).

De même, comme je l’ai expliqué dans ma précédente newsletter (je rappelle que je suis eurasienne. Pour ne pas fatiguer ceux qui ont lu ma newsletter, je ne vais pas la répéter mais tu peux aller la lire LA), j’ai moi-même été victime de racisme. Et franchement là, j’ai été aussi choquée de voir que des camarades d’origine africaine pouvaient être aussi cruels que des belges. Et là, j’ai bugué. Mais j’ai bugué GRAVE! 

Le racisme appartient à tout le monde.

Et c’est malheureux de le dire mais le racisme est tellement sournois qu’il appartient à tout le monde. Ca n’est pas une question de noirs vs blancs. Le racisme n’a pas de couleur lui. C’est ce qui le rend si puissant: il est intrusif, se faufile dès qu’il y a une faille et sait s’installer de la façon la plus pernicieuse qui soit.

Un homosexuel peut être raciste envers des musulmans par exemple. On sait très bien le conflit israélo-palestinien qui existe depuis trop longtemps aussi. Le génocide des croates par les serbes ou la 2ème guerre mondiale (rien que ça…). Par ailleurs, un africain peut être homophobe (la série Netflix « Pose » traite d’ailleurs en partie de ce sujet) et j’ai expliqué dans ma newsletter la haine que beaucoup d’asiatiques pouvaient avoir entre eux. De même, il y a eu des massacres de bouddhistes comme il y a eu des bouddhistes qui ont aussi massacré au nom de la religion et n’oublions pas les croisades… Haaaa le racisme, cette grande histoire d’amour avec l’Humanité n’est-ce pas? 

L’impérialisme blanc (et le privilège blanc).

L’idée de l’impérialisme blanc est bien réelle. C’est le fameux « White Supremacy » qui a souvent été mentionné lors des manifestations aux US. Les définitions sont un peu plus difficiles à trouver donc je vais essayer de l’expliquer comme je le vois et avec mes mots. 

En gros, agir comme un impérialiste blanc, c’est agir comme un occidental à qui tout est dû et pour qui tout est acquis. Le « blanc » sait mieux de quoi est faite la culture asiatique. Il saura aussi mieux ce qui est bon pour les afro-américains. L’impérialiste blanc s’approprie des cultures qui ne sont pas les siennes parce que c’est « à la mode ». Il peut aussi se permettre de critiquer l’Asie quant aux politiques environnementales. Il n’y a jamais mis les pieds et ne sait absolument pas comment on y vit. Mais sous couvert de « il faut sauver le monde », il a le droit de critiquer parce qu’il est encore un bon sauveur. 

L’impérialiste blanc est toujours pavé de bonnes intentions.

C’est ça qui est aussi pernicieux (et qui amène au racisme sans crier gare). A la base, c’est toujours une bonne intention. On va aller convertir les petits indiens pour qu’ils puissent être sauvés et entrent au paradis. Ho ne vous inquiétez pas! Avant ça, il y a eu les Croisades avec le même motif! On va aussi installer des réserves pour que les indiens vivent en paix (mais on va leur piquer leurs terres hein). Un ami me racontait récemment comment un Témoin de Jehovah avait pu lui dire « Si tu n’as pas lu la Bible alors tu n’es pas un bon musulman. » Hormis l’absurdité de la phrase, on est bien dans l’impérialiste blanc qui s’inquiète du sort de son ami musulman… 

Credits: Mateus Campos Felipe via Unsplash.

C’est surtout l’impérialisme TOUT COURT.

Parce que je vais prendre votre tête pavée de bonnes intentions et lui faire faire un tour de 180c. Nous sommes tous axés sur les US. Pour plein de choses, les US sont des lanceurs de tendances. Désolée de vous décevoir mais le monde ne se résume pas aux US. Il y a aussi l’Asie. Et dans l’Asie, il y a la Chine. Si vous voulez un magnifique modèle d’impérialisme, les chinois sont parfaits! Et pourtant… Ils subissent du racisme en Europe et ailleurs. On est d’accord?

L’impérialisme blanc découle des grandes périodes colonialistes (les belges au Congo, les français en Indochine, les anglais… Partout ailleurs ^^). Il est laid et continue à persister dans les attitudes occidentales actuelles. Mais je reste persuadée que c’est l’impérialisme tout court qu’il faut combattre. Si les vietnamiens ont généralement une profonde haine pour les chinois, ça n’est pas parce qu’ils n’aiment pas le canard laqué. C’est parce que les chinois n’ont cessé de tenter de les envahir… Vous me voyez venir? Attendez, revenons à nos moutons…

Le cas des violences policières aux US.

Revenons à ce qui fait l’actualité aujourd’hui: les violences policières aux US et le meurtre de George Floyd. 

Raciste
Credits Koshu Kunii via Unsplash

Bien que les US soient grands, c’est une sorte de cas particuliers. Les afro-américains ont une histoire bien spécifique qui remonte au 16ème siècle. Ils ont été enlevés et amenés de force aux US, ont participé bien malgré eux à la grandeur et la richesse des US (et d’ailleurs de la Grande-Bretagne aussi hein. Ceux qui ont exigé le Brexit parce qu’ils en avaient marre des immigrants…). Après avoir été exploités comme on le pensait impossible humainement, ils sont « intégrés » dans la vie des américains. Leur intégration se passe… Mais elle implique des délits de faciès depuis toujours et notamment, par les autorités. Elle implique un rejet constant de cette société, des discriminations… A un point où les parents doivent expliquer à leurs enfants comment se comporter devant les flics pour ne pas se faire canarder. On a déjà vu mieux comme intégration n’est-ce pas?

Aux US, les afro-américains doivent apprendre à vivre avec la peur de mourir tous les jours à cause de la couleur de leur peau. C’est absolument infâme de vivre ainsi. Les violences policières envers les afro-américains sont beaucoup trop légion et il est temps que ça cesse. 

Black Live Matters.

Credits: Maria Oswalt via Unsplash.

D’où ce slogan (venu de mouvements activistes déjà existants) qui a ponctué les manifestations récentes. Les afro-américains sont des cibles régulières des forces de police. Cette police qui est supposée les protéger. Et oui, il est absolument nécessaire de le rappeler: la police doit protéger tous ses citoyens. Les afro-américains ont le droit de vote total depuis 1965 (vous inquiétez pas, les femmes ne l’ont eu qu’en 1920 hein). Ils ont donc le droit d’être protégés par cette police. Vu la situation et le nombre de meurtres racistes, ils ont bien raison de faire valoir leur droit, de s’énerver, de protester et de s’emporter. C’est leur histoire qu’ils écrivent et elle nécessite fortement ce nouveau et triste chapitre. Ils ont besoin de cette évolution dans leur pays. 

Les personnes de couleur sont celles qui subissent le plus vite les discriminations parce que… Bein tout bêtement, elles sont visibles à l’oeil nu. C’est beaucoup plus facile de les voir qu’une personne de confession juive par exemple. Et se baser sur un réflexe si primaire pour imposer sa supériorité, il faut absolument que ça cesse. 

All lives matter…

Voilà ce qui a rebondi sur une bonne intention: toutes les vies se valent. C’est un slogan qui a été lancé. Et je ne doute pas que ça parte d’une bonne intention. En vrai, ne nous voilons pas la face, c’est pas faux! Le but du combat contre le racisme c’est de considérer chaque vie comme la sienne. Et donc moi, eurasienne, je considère ma vie aussi importante que celle de mon voisin musulman. Où est le mal?

Le problème du « All Live Matters ».

Bein c’est qu’il a sans doute été lancé par un blanc bien intentionné mais qui ramène tout à lui ENCORE. Oui, maintenant vous comprenez pourquoi je vous ai décortiqué l’impérialisme blanc… Or ça n’est pas le moment qu’un blanc ramène un problème noir sur sa figure de blanc qui n’a jamais vraiment compris ce que c’était de naître dans un pays où tu peux être tué impunément, en 2020, pour la couleur de ta peau. 

OUI MAIS!

Oui mais je ne suis pas d’accord (un peu). Autant je suis d’accord que ça n’est absolument pas le moment que les occidentaux ramènent à eux un problème qui ne leur appartient pas…  Comme je l’ai dit plus tôt, c’est le moment pour les afro-américains d’écrire un autre chapitre de leur histoire et si les blancs doivent les soutenir, ça n’est pas à eux de prendre le stylo.

Mais je ne pense pas qu’il faille balayer ce slogan d’un revers de la main et le foutre à la poubelle à jamais. Je pense même qu’il faut le garder bien au chaud parce que comme je vous l’ai dit au début: le racisme c’est se penser supérieur pour plein de raisons.

Credits Moritz Schumacher via Unsplash.

Ces raisons sont peut-être afro-américaines à l’instant X et l’endroit Y. Mais elles sont maghrébines à l’instant B et l’endroit A. Elles sont coréennes (qui ont vécu de sales moments d’oppression japonaise) à l’instant X et l’endroit Z. Ces raisons ont aussi fait l’objet d’une guerre mondiale de 1940 à 1945. Alors rejeter le « All Live Matters » à tout jamais, c’est aussi rejeter toutes ces violences qui sont pourtant bien réelles. Certes, elles ne se passent pas aux US maintenant. De même, elles ne ciblent pas les gens originaire d’Afrique noire. Mais elles se passent. Et j’ai toujours pensé qu’un racisme n’était pas moins important qu’un autre. C’EST DU RACISME. 

Le cas de ma petite personne…

Je me permets de rebondir sur le « All Live Matters » parce que j’ai vécu ce que les afro-américains dénoncent. Le racisme envers les asiatiques, c’est « moins grave ». Le racisme envers les africains, c’est plus grave. Non, il n’y a pas de « moins grave » ni de « plus grave ». Il y a eu des massacres d’indiens qui sont actuellement parqués dans des réserves. Ca n’est pas moins grave. Les mexicains font aussi régulièrement l’objet de délit de faciès de la part de la police américaine, ça n’est pas moins grave. Les camps de vietnamiens par les français lors de l’Indochine, ça n’est pas « moins grave ».

Le racisme sélectif.

C’est du racisme sélectif. Et désolée de vous le dire mais avant « sélectif », il y a le mot « racisme ». Le seul racisme qui pouvait exister quand j’étais petite, c’est le racisme envers les africains. C’est ce qui a fait que pendant des années, j’ai minimisé ce qui m’arrivait. J’ai (et beaucoup d’autres asiatiques) ri avec les gens qui m’oppressaient, j’ai moi-même eu des réflexions racistes envers les asiatiques parce que « le racisme envers les asiatiques ça n’existe pas, ils s’en foutent ils disent rien! ». Je n’étais pas légitime, pas noire, que pour dire tout haut que le racisme, ça concernait aussi d’autres pans. Et pourtant, je pigeais totalement le racisme de la 2ème guerre mondiale hein… La culpabilité… Ca marche bien!

Raciste
Credits: Omar Lopez via Unsplash.

Si je ne donne aujourd’hui pas le droit à des occidentaux de me dire comment me sentir ou de définir le racisme à ma place, je ne le donne pas non plus à un africain, un italien, un russe, un handicapé, un homosexuel ou un chinois. Que ça soit clair. Et de même, je n’ai pas le droit de dire à ces mêmes personnes comment elles doivent se sentir. 

Le racisme anti-blanc n’existe pas.

Je vais me faire taper dessus mais si, il existe. Alors ok, ça n’est pas un racisme qui a marqué l’histoire des civilisations occidentales mais il existe. Et il est hors de question, sous couvert qu’une forme de racisme serait plus importante qu’une autre, de le laisser grandir. Il doit être coupé dans l’oeuf tant qu’il en est encore à ses balbutiements d’ailleurs. Parce que combattre le racisme, c’est combattre absolument toutes ses formes. 

Oui MAIS!

Le racisme anti-blanc n’est évidemment pas valable lorsque invoqué par une Amy Cooper qui se croit menacée par un afro-américain qui lui fait remarquer qu’elle doit balader son chien en laisse! Que ça soit clair. Le racisme de couleur c’est une oppression faite par une population majoritaire basée sur la couleur de la peau et illustrée par des discriminations. Alors fais pas ta Amy trop vite quand même! Ou ton Zemmour pour ce que ça vaut d’ailleurs!

De même, quand un mini Trump se sent menacé par la vague d’immigrés mexicains, ça n’est pas du racisme anti-blanc qu’il ressent. Idem pour les « Et nos SDF!  » et j’en passe. 

Le racisme anti-blanc c’est se recevoir « sale blanche » dans la tronche sans aucune raison. POINT. C’est se faire agresser parce qu’on n’est pas de la même couleur. C’est aussi dire à un enfant métisse qu’il n’est pas assez noir et c’est ne pas prendre la peine d’inclure complètement (voire de rejeter) des enfants métisses parce qu’ils ne parlent pas la langue étrangère. Mais on revient à ce que je disais plus tôt au final: c’est du racisme sélectif… Du racisme donc. 

Finalement, si le racisme anti-blanc existe, ce sont souvent des cas très exceptionnels dans des régions bien particulières. Or on n’illustre jamais une règle par une exception. Voilà pourquoi invoquer le cas du racisme anti-blanc pour jeter le discrédit sur des activistes anti-racistes n’a pas de sens. De un, ça reste du racisme. De deux, vous ne pouvez pas encore ramener tout à des exceptions parce qu’elles sont blanches. On en revient encore à cette suprématie blanche… Je vous avais dit que c’était compliqué et sournois!

Credits: Brandon Kawamu via Unsplash.

Je tiens à dire que je sais que ce point peut être sujet à discussion et pour l’instant, c’est ce que je crois. Après, y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis mais très honnêtement, le racisme, c’est surtout être très bête et la connerie, elle non plus, n’a pas de couleur… 

Le terme « racisme anti-quelque chose ».

C’est donc en fait le terme « racisme anti… » qui me dérange encore parce que oui, on revient à du racisme sélectif et que non, on ne peut pas commencer à sélectionner quel raciste on veut bien être et aller crier sur les toits « je ne suis pas raciste! ». C’est de la pure hypocrisie. Ignorer les, certes très rares, cas de racisme envers les blancs tout en allant manifester contre le racisme, c’est juste super hypocrite et si je faisais ça, je perdrais sens, logique et intégrité.

Là, honnêtement, c’est un problème de langage que je ne sais pas comment résoudre parce que malgré tout, chaque ethnie a son histoire. Et il est pourtant bien nécessaire de préciser qu’on parle de racisme anti-noirs dans l’actualité. C’est leur histoire et pas celle d’un asiatique ou d’un mexicain. Demain ça sera peut-être anti-juifs. Et c’est à préciser pourtant. Même si… C’est du racisme quel qu’il soit…

On ne peut pas être de tous les combats!

JE VOUS VOIS VENIR! Pour excuser des propensions à l’homophobie, on viendra dire qu’on n’est déjà pas raciste et que ho hein, faut pas non plus pousser! J’en demande peut-être trop? Oui, c’est possible. Mais c’est ainsi. Le racisme est une discrimination. Au sens très large. Mais ça en est une. Et aucune discrimination n’est moins importante qu’une autre. 

Raciste
Credits: Jordan McDonald via Unsplash.

Alors? On ne supporte plus le Black Live Matters?

Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit! Il est nécessaire de les supporter bien sûr! Et il faut absolument que le monde entier se penche plus sur leur histoire et leur quotidien. C’est absolument indéniable. Ils ont en plus une histoire absolument particulière de laquelle a découlé la littérature caribéenne qui est passionnante. Nombres de films sont des chefs d’oeuvre et la musique actuelle, tout ce qui est rythmique découle quasi systématiquement de rythmes africains. L’influence du blues, de la soul, du hip hop et du rap ne doit pas se limiter à nos oreilles mais être prise en considération au-delà de vos Air Pods. En arts visuels Basquiat est un peintre qui a marqué son époque et le modern jazz ainsi que le contemporain sont fortement empreints des traces africaines et afro-américaines. 

Credits: Ben Wiens via Unsplash.

On doit les entendre, on doit les supporter, on doit considérer que même sans avoir de contacts réguliers avec eux, leur culture nous imprègne tous les jours. Les supporter, c’est aussi les remercier de partager ça avec nous. C’est ne pas prendre un rythme mais comprendre de quelle souffrance il a découlé. 

Han le racisme c’est complexe!

Voilà où je voulais surtout en venir: le racisme, c’est complexe. SUUUUPER complexe même. Et c’est pour ça que j’ai commencé par « je suis (un peu) raciste ». Parce que c’est difficile, c’est dur à comprendre. Ca a plein de toiles que ça fourre dans tous les sens et c’est sournois en plus. C’est franchement dur de ne pas être raciste sur un pan ou l’autre. 

D’ailleurs, un des 4 flics impliqués dans l’affaire George Floyd est d’origine asiatique si je ne me trompe pas. Le mec a pas moins de 6 plaintes pour racisme. Ma main au feu qu’il a été victime de racisme en étant petit et que, histoire de détourner l’attention, il a décidé d’être raciste envers les afro-américains parce qu’au moins, on l’emmerderait moins. Ca ne diminue pas sa responsabilité mais crée nom di dju! On en revient aux dangers du racisme sélectif là quand même! 

Raciste
Credits: Daniel James via Unsplash.

Les dérives dans le combat contre le racisme.

Comme je viens de vous l’expliquer, il y a plein de dérives au sein même du combat anti-racisme (le racisme sélectif étant d’ailleurs très dangereux et contre-productif). Et c’est la raison pour laquelle j’ai eu envie d’écrire aujourd’hui. Je suis à mi-chemin de ma vie et j’estime franchement que j’ai encore beaucoup à apprendre. Peut-être que je regretterai plein de choses que j’ai écrites ici mais elles sont déjà plus évoluées que celles que j’aurais pu écrire il y a 10 ans. Et c’est bon à prendre. 

Ce qui me fait peur, c’est que je sais comme c’est dur de se faire violence pour combattre le racisme. C’est un travail d’éducation mais aussi de remise en question qui fait énormément de mal à l’orgueil et nécessite énormément d’humilité. Honnêtement, je suis encore épatée par l’ouverture d’esprit et de tolérance que certains ont dans mon entourage et que je ne me sens pas encore capable d’avoir à ce stade de ma vie. 

Credits: Matthew Henry via Unsplash.

Dernièrement, j’ai vu des dérives du combat contre le racisme. J’ai vu des posts qui s’insurgent et dictent aux gens comment faire et que dire. J’ai vu des gens s’énerver sur des détails. C’est dangereux dans le sens où éveiller les consciences, c’est une chose mais d’un côté, il ne faut pas non plus les effrayer avec des discours trop vite radicaux. De l’autre, il faut surtout les garder près de soi afin que ces gens qui s’éveillent puissent continuer à s’épanouir. Surtout, il ne faut pas exiger des gens qu’ils comprennent des centaines d’années d’histoire en 3 jours. Je sais, on aimerait bien. Mais c’est pas possible. 

Combattre le racisme c’est fatiguant.

D’un autre côté, c’est aussi épuisant d’être toujours compréhensif envers une population qui a été celle de l’oppression. C’est dur et usant de combattre le racisme parce que c’est un travail de décorticage, de sensibilisation. C’est aller vers des gens dont on sait bien qu’ils ne voudront rien entendre et leur montrer le monde autrement. Bien souvent, c’est aller vers son oppresseur et lui tendre la main avec des conséquences des fois mortelles. 

Si ça marche, on peut se retrouver avec des boulets qui vous demandent tout et n’importe quoi parce qu’ils n’ont pas envie de chercher par eux-mêmes. Et il faut leur répondre poliment… Chouchou, t’es grand, t’as 40 berges, tu sais bien aller dans une bibliothèque ou regarder les films de la liste et faire tes propres recherches après que je t’aie donné des pistes quand même. 

Mais c’est un travail de fond qui doit se faire avec plus d’amour que de rage, plus de pédagogie que de leçons de morale et ça, ça n’est pas facile. Ca doit se faire sur le long terme, ça doit être bienveillant, et surtout, pour comprendre le racisme, pour sensibiliser aux horreurs qu’il entraîne, il faut se mettre à la place d’un raciste. Voir à quel point la société le permet encore, déconstruire pour reconstruire. 

Je suis (un peu) raciste.

Donc voilà… Je suis (un peu) raciste. Parce que c’est ironique mais afin de devenir plus altruiste, plus tolérant, il faut d’abord faire un travail d’introspection et voir où on en est dans toute cette pagaille. Il faut se poser des questions qui font mal (ha? apparemment j’aime bien les africains mais me fous pas un asiate devant la tronche sans que j’aie des envies de claques. C’est étrange tiens! Y a peut-être quelque chose qui demande encore du travail…). Et ça ne se fait pas en 2 jours. Des fois, souvent même, c’est le travail d’une vie. Et oui, il faut exiger de quelqu’un qu’il ne soit plus raciste DU TOUT. Le racisme sélectif n’est qu’un pansement sur une jambe de bois. 

Credits: Juli Moreira via Unsplash.

C’est drôle non? Qu’on demande à des gens qui ne réalisent pas qu’ils fonctionnent comme des impérialistes de finalement… Se regarder le nombril. Mais de le faire correctement.

Tolérance.

C’est peut-être mon métier d’enseignante qui me fait penser que toute cette actualité est nécessaire. Mais qu’elle est aussi à prendre avec des pincettes et que les déclarations emportées (à juste titre hein) peuvent être à double tranchants. 

Mais le racisme est beaucoup plus complexe que blancs vs noirs. Ca je peux vous l’assurer. Même moi, je prends un risque en vous parlant parce que je ne suis pas sûre de ne pas avoir heurté une communauté ou l’autre (et je m’en excuse si c’est le cas). Ca n’est pas pour autant qu’il faut fustiger ceux qui veulent essayer de le combattre même maladroitement. Justement, parce que le racisme est complexe et sans couleur, il faut les encourager. S’il y a un soubresaut, même mal fait, il ne faut pas le regarder de haut. Au lieu de dire « il faut que tu », il me semble plus utile de juste lui poser les bonnes questions qui l’aideront à amener sa propre réflexion. 

Credits: Bart Larue via Unsplash.

Combattre le racisme, c’est un chemin long, sinueux et très personnel. Pour cela, il est nécessaire de ne pas oublier que racisme est synonyme d’intolérance, d’amalgames et de haine. Tomber dans les dérives de ces 3 problèmes sous couvert de combat contre le racisme, ça serait tristement contre-productif. 

Et vous?

Déjà, si vous êtes arrivés jusqu’ici, vous pouvez vous foutre une grosse tape dans le dos! 

Plus sérieusement, il y a eu beaucoup de pressions sur les occidentaux ces derniers temps et j’ai peur que ça ne soit pas pour le mieux. Alors je vais peut-être me faire démolir par d’autres personnes qui combattent aussi le racisme mais soyez tolérants envers vous-mêmes. Si déjà, vous remarquez et acceptez que vous pouvez être (un peu) raciste, c’est bien. On démarre et c’est le plus important. Le tout est ensuite de ne pas faire du surplace. Je vous le promets, ça n’amène que vers une tranquillité d’esprit. Plus on s’ouvre, mieux on y voit clair. 

Raciste
Credits: Perry Grone via Unsplash.

Je sais pertinemment que ça n’est pas en bousculant à outrance les gens qu’on en obtient ce qu’on veut. Alors oui, Black Live Matters. Mais si un occidental débarque par erreur avec une pancarte All Live Matters, il n’y a peut-être pas lieu de le fustiger comme je l’ai vu chez certains. Le mec pense peut-être aussi aux juifs, aux homosexuels, aux coréens, aux mexicains, aux musulmans ou que sais-je encore? Il est peut-être lui-même juif ou eurasien tiens (oui, on est filou, on se fond dans la masse et puis on tape du verbe quand y a un raciste qui se croit en sécurité *rire diabolique) .

Si jamais il était « juste blanc », ma main au feu que le rembarrer ne va pas aider à ce qu’il soit moins raciste… On ne bouscule pas, on explique, on pose des questions on dialogue sans infantiliser pour autant. On donne de l’amour surtout. Parce que c’est la haine la raison de tout ça et on n’en veut pas. 

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9 Comments

  1. Karossee
    7 juin 2020 / 14 h 27 min

    Je trouve ton article très juste. bravo pour ces mots Kim. Effectivement il faut s’interroger, se remettre en question, réfléchir. Et essayer de s’améliorer. D’ouvrîr son esprit. A nous et aux autres

    • Une Fee dans les Etoiles
      Auteur
      7 juin 2020 / 14 h 45 min

      Merci Caro! Y a sans doute des erreurs, je n’en sais rien. Le plus important à comprendre c’est ce que tu dis: accepter de s’ouvrir l’esprit. Le reste, si on est déjà là, ça se corrige avec douceur en cours de route <3

  2. Djul Vertigo
    7 juin 2020 / 19 h 49 min

    Super article Kim !Tu as très bien résumé le problème qui est compliqué à souhait ! Je ne suis pas parfaite et pas toujours tolérante…mais je sais que je ne sais rien alors j essais dans la mesure du possible de ne pas faire ce que je ne voudrai pas que l on me fasse et c est comme ça que j essais d élever mon petit garçon.
    Je repense à la réunion ou nous avons vécu .Alors oui, tt n était pas parfait mais toutes ses ethnies qui vivent ensemble et se mélanges, c était chouette ! des biz

    • Une Fee dans les Etoiles
      Auteur
      7 juin 2020 / 21 h 44 min

      Merci! Oui, c’est un gros résumé hein. Parce qu’il y a plein de ramifications à expliquer mais ça serait le sujet d’un mémoire ou d’une thèse et c’est pas le but ici ^^ Mais voilà, je pense qu’à partir du moment où l’on sait qu’on a tous quelque chose à améliorer, un chemin est ouvert et il faut le prendre. Il ne faut pas le prendre dans la peur ou la rage mais avec beaucoup de tolérance envers les autres et soi-même. Et vraiment, bravo d’élever ton petit bout dans cette optique! C’est super important de passer le flambeau, de faire bénéficier aux générations des leçons de la nôtre et des précédentes.

  3. karol laluciole
    21 juin 2020 / 15 h 55 min

    Merci pour ton article, qui a dû te prendre du temps, et qui est ponctué d’exemple. Pour parler de ma petite personne 😉 j’ai été victime dans mon enfance de discrimination. Je suis un peu plus âgée que toi, et j’ai vécu en caravane de ma naissance jusqu’à mes 8 ans. On nous appelait les manouches… Hors il n’en était rien, dans les années 70, des ouvriers travaillaient sur des chantiers, et pour pouvoir avoir une vie de famille, vivaient en caravane, car pour une mission de 6 mois on avait pas les moyens de louer un appartement ou une maison, et je ne parle même pas de l’hôtel. Donc nous vivions sur des terrains de camping avec d’autres ouvriers, et nous enfants d’ouvriers nous jouions ensemble. Et… il a fallu m’inscrire à l’école primaire, jusqu’à la maternelle ça allait, et là ce fut grand moment. Je me souviendrais toute ma vie, d’une visite dans une école avec ma mère, et un enfant m’a craché au visage. Finalement, les écoles publiques ayant refusé de nous prendre (ma soeur rentrait au collège) mes parents ont dû nous inscrire dans des écoles privées, sachant qu’il n’y avait qu’un salaire, celui de mon père, ma mère s’occupait de nous, et surtout ne pouvait pas travailler pour une durée qu’elle même ne connaissait pas, on sait quand un chantier commence, mais on ne connait pas exactement sa date de fin. Et bien même à l’école privée, les gosses ne voulaient pas jouer avec moi, voir pire, me refusait une place à leur table à la cantine… Ma soeur, plus âgée, s’était fait respectée.
    Ensuite, nous sommes retournés vivre chez mes grands-parents, mon père a pris un travail ou il n’aurait plus à se déplacer, et enfin j’ai pu avoir des camarades de classe.
    la discrimination (je préfère ce mot au racisme) n’a ni couleur, ni sexe, ni religion, ni âge (enfin, le gosse qui m’a craché au visage avait dû se faire monter la tête par ses parents), ni orientation sexuelle, etc. La connerie reste la connerie, le racisme c’est la peur de l’autre, un mépris aussi, il doit y avoir tout un tas de raison.
    Joli texte, plein de bon sens

    • Une Fee dans les Etoiles
      Auteur
      24 juin 2020 / 11 h 29 min

      Ouf oui! L’amalgame avec les gens du voyage quoi! Qui eux-mêmes, doivent aussi s’en prendre plein dans la figure… Il y a clairement un moule de la société occidentale dans lequel il est toujours très difficile de rentrer si on en sort un temps soit peu. On a beau dire ce qu’on veut, on est formatés et on n’apprend pas à voir au-delà. Il n’y a rien de mal à rentrer dans un moule mais ça peut aussi se faire avec le respect de ceux qui n’y sont pas, c’est certain! Et là, on a encore énormément de boulot! La diversité est beaucoup plus présente qu’on ne le pense en plus. On aime juste se voiler les yeux et continuer dans une bulle réconfortante. Sans réaliser que la diversité n’est pas toujours synonyme de danger…

  4. Kriss
    2 juillet 2020 / 19 h 56 min

    Merci 🙂
    Très bel article, à réfléchir et à méditer. Ça fait vraiment plaisir à lire.

    • Une Fee dans les Etoiles
      Auteur
      3 juillet 2020 / 20 h 03 min

      Avec plaisir Kriss!

  5. Géraldine Trueba
    9 juillet 2020 / 0 h 20 min

    Kim, une nouvelle fois, ta newsletter m’a bcp plu, ton analyse qui ne se résume pas à  » le racisme c’est pas bien », et qui ouvre sur de si nombreuses problématiques. Ton approche m’a fait pensé à un livre conseillé par ma libraire il y a 2 ans que j’avais adoré  » 1000 petits riens de Jodie Picoult » qui amène à réfléchir et à se remettre en question personnellement sur le sujet. Oui oui, personnellement !!!
    Dans le registre homophobie que tu soulèves également, le spectacle de Hannah Gadsby « Nanette », est une vraie claque. Comme toi Kim, je pense qu’écouter le vécu et le ressenti des personnes confrontées au manque de tolérance, à la bêtise,(voir bien plus dans le cas de cette artiste de stand up) est essentiel, et permet de gagner en empathie et en humanité. Bien à toi. Géraldine

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